Via plus qu’à !

Une paroi, un bout de câble, des barreaux dans la roche, des longes pour s’accrocher… Nous sommes de plus en plus nombreux à nous agglutiner autour des parcours de Via Ferrata. Mais c’est quoi, au fait, une via ?

Depuis quelques années et encore un peu plus depuis la fin du confinement, il y a comme un engouement pour cette pratique rupestre si particulière. Sorte d’alternative à l’alpinisme et à l’escalade, de nombreux chemins câblés ont fleuri au travers de nos montagnes en quelques décennies. Et je dois bien vous avouer que cette méthode de cheminement vertical n’est pas qu’une mode pour nous. Cela fait un peu plus de quinze ans que nous évoluons ainsi entre rochers et barreaux.

Nous aimons volontiers jeter nos mousquetons sur le moindre bout de rocher qui propose un parcours câblé. Mais avant de parler de technique ou de matériel, un peu d’histoire !


C’est quoi une via ferrata ?

C’est au cœur des Dolomites italiennes qu’il faut rechercher une partie de la genèse de ce mode de progression sur rocher. Voir plus précisément la frontière italo-autrichienne. Durant le premier conflit mondial (14/18), les militaires italiens d’un côté et autrichiens de l’autre, engagés sur le front de 1915 à 1918, devaient trouver des solutions pour acheminer hommes et matériel vers les sommets, cols et éperons rocheux proches des frontières. C’est alors que des grottes de surveillances, des postes avancés perchés et des tours de ronde voient le jour. Et pour accéder à ceux lieux suspendus, des chemins en balcons sont ouverts, des cheminées rocheuses naturelles se retrouvent affublées de barreaux et des câbles s’entrelacent sur les parois.

Via signifie « rue » ou « voie » en italien et Ferrata fait état du fer des barreaux, des échelles et des câbles. Voici la naissance des « chemins de fer » alpins. Une part d’histoire qui aura profondément chamboulé le paysage et la pratique de la montagne.

France TV Info proposait, en 2021, un reportage sur cette métamorphose alpine et cette histoire un peu oubliée des pratiquants actuels.

Dans les faits, une autre part d’explication sur la naissance des vias viendrait du tourisme vers la fin du 18éme siecle. Les Autrichiens semblaient alors avoir un peu plus d’avance que les Italiens dans la réalisation de cheminements câblés. Vers 1843 sur le massif du Dachstein un itinéraire est installé, sous la direction de Friedrich Simony. Il est présenté comme le père de la discipline dans certains ouvrages. Puis, dès 1850, d’autres itinéraires de ce type émergent autour du Stüdli et du Grossglockner. Dans les Pyrénées, des itinéraires câblés à destination touristique sont mentionnés dès 1880 sur le Pic du Midi d’Ossau, et en 1881 dans l’Ordesa.

Nous laisserons les historiens qui le souhaitent revenir vers nous avec des dates plus précises.


Vous pensez bien qu’avec toutes les belles cartes postales des Dolomites que l’on peut trouver sur internet et dans les livres, que nous n’avons pas résisté à la tentation de faire une virée dans le berceau des vias. En 2015, nous avons franchi le cap et effectué une splendide virée en terre dolomitienne.

Un périple qui est également à lire sur le très bel article Cheminement dans les Dolomites (normal qu’il soit bien cet article… il est de nous (modestie, quand tu nous tiens)).


De la pratique militaire à la pratique sportive.

Il faudra attendre un peu pour voir apparaitre, sur nos rochers alpins, des cheminements un peu plus sportifs pour une pratique ludique de la montagne. En France, c’est en 1988, dans les Hautes Alpes, que la première via moderne a été ouverte. Il s’agit de la via de la Falaise dans la vallée de Fressinière vers Briançon.

Un itinéraire ouvert dans le style historique, en suivant les faiblesses de la roche. Nous avions eu l’occasion de faire cette très belle via durant l’été 2021 (récit à retrouver par ICI).

Chez nos voisins suisses, c’est en 1993 que la première via voit le jour dans les montagnes de Haslital.

Aujourd’hui, on compte un peu plus de 170 itinéraires de via ferrata rien qu’en France. Des sites comme viaferrata.org ou viaferrata-fr.net vous proposent un inventaire, des descriptions, des photos et des cartes interactives.

Sur Arno’Voyages aussi, nous avons un peu travaillé sur carte interactive pour poser les différents parcours de via que nous avons déjà eu l’occasion de faire. La carte est disponible Carte Via Ferrata Europe Arno.

Si, à l’époque, la via était vraiment un chemin dans la montagne pour aller d’un point A à un point B, aujourd’hui il s’agit bien souvent de parcours en boucle depuis un parking. C’est ce que l’on appelle les vias sportives. Même si en Autriche, en Italie, en Slovénie, il y a encore dans les montagnes des parcours dits de cheminement.

Étonnamment, l’Espagne n’est pas en reste en termes de via ferrata. Le pays est très montagneux et les chemins câblés sont nombreux.


Quel matériel pour la via ?

Le matériel de base reste toujours le même, que vous passiez par un loueur au pied de la via ou que ce soit le vôtre. Il vous faudra un baudrier, une longe de via en Y avec absorbeur d’énergie, un casque.

A ce kit de base, vous pouvez ajouter une paire de gants pour éviter les ampoules, une poulie si vous vous engagez sur une tyrolienne, une « vache » pour vous reposer en cas d’attente ou de coup de fatigue.

Il est important de s’équiper d’une bonne paire de chaussures, d’un sac avec une gourde, une veste de pluie, quelques « grignotis » si la via est un peu longue, un téléphone, une trousse de secours…


C’est quoi une longe en Y ?

Il y a quelques années, la pratique de la via se faisait avec un simple bout de corde pour s’attacher au câble. Les deux brins de cordes se rejoignaient au niveau du baudrier pour un système dit « longe en V ».

Puis, très vite, on s’est aperçu que la force du choc généré par une chute était bien supérieure à la capacité d’absorption de l’équipement alors utilisé. Du coup, ont commencé à apparaitre des longes de via avec absorption d’énergie. D’abord avec un système de coulissement, la corde passant pas une plaquette où elle était « étranglée ». Un dispositif qui sert toujours aujourd’hui. Contrairement à la légende urbaine, la norme n’a pas mis ce dispositif aux oubliettes. Il en existe juste de plus pratiques aujourd’hui.

Puis, sont apparus des systèmes à déchirement/éclatement comme vous pouvez le voir sur les kits de via actuels. Il s’agit d’une longe équipée d’une petite poche avec des boucles d’anneaux de sangle cousues ensemble. Lorsque la sollicitation est trop forte (choc) les coutures lâchent pour libérer progressivement de la sangle supplémentaire.

Cette action a pour but d’amortir un peu l’énergie dégagée par la chute. Nous verrons un peu plus tard ce que signifient force de choc et facteur de chute…

Mais attention, il y a tout de même quelques spécifications techniques que trop de gens oublient. La partie absorption est régie par une norme. Il faut que l’appareil se déclenche en cas de chute. Sur nos kits de via, le poids du grimpeur doit être supérieur à 40 kg. Il peut aussi y avoir un poids maxi. Sur nos kits de via à la maison, c’est 120 kg.

Un enfant/ado de moins de 40 kg prend un risque à pratiquer la via avec son seul kit. Vous allez vous retrouver dans le même cas qu’avec l’utilisation d’une longe simple en corde. Peu de loueurs de kits de via font état de cela par manque de connaissance ou par manque de formation. Si vous voulez aller en via avec une personne de moins de 40 kg, il faut l’encorder. C’est ce que nous faisons avec nos enfants quand ils nous accompagnent.

Cette technique demande un certain savoir-faire, si vous avez un doute, faites-vous accompagner par un professionnel.


Et ça fonctionne comment la via ferrata ?

Alors là, j’ai envie de vous dire que c’est super simple. Mais ça ne va pas vous aider beaucoup, comme remarque. Alors je vous propose de vous diriger vers le Youtube Arno’Voyages et surtout la Playlist ViaXpérience où vous allez trouver plein de chouettes vidéos/tutos que nous prenons toujours plaisir à réaliser.

Tuto pour débuter en via

Et pour savoir ce qu’il est bon d’avoir avec soi dans le sac, voici une petite liste en vidéo.


On retrouve quoi comme type d’obstacle sur une via ?

Cela dépend un peu du type de via que vous allez faire. Si c’est une via sportive plutôt ludique récente, vous allez avoir beaucoup de ponts de singe, de passerelles, d’échelles en bois. Il y a alors peu de contact avec le rocher et beaucoup de barreau.

C’est le cas, par exemples, sur la via de la cascade des Nants à Bellevaux, la via de Cavaillon, les Echelle de la mort à Charquemont ou la via ferrata de la Bastille à Grenoble…

Si vous êtes sur une via sportive vraiment orientée sport et cheminement, il y aura un peu plus de contacts rocher, un peu moins de barreaux, pas trop d’obstacles en bois. Il y aura, dans ce cas, de belles envolées verticales, des passages sous toit…

C’est, par exemples, le cas de la via de la Roche Veyrand en chartreuse, de la via la Tête de l’éléphant à Saint Jean d’Aulps, la via du Rocher blanc à Serre Chevalier, la via de la tour d’Aï à Leysin en Suisse…

Si vous êtes sur une via type cheminement ou une via plutôt ancienne, il pourrait y avoir beaucoup de contact rocher, peu de barreaux, beaucoup d’utilisation des cassures naturelles de la roche et parfois une sortie avec un long cheminement pour revenir à la voiture…

C’est le cas des vias italiennes des Dolomites, de la via du Rocher de l’Yret à Serre Chevalier, Via Becca Dell Aouile à Valgrisanche en vallée d’Aoste, la via du Daubenhorn en Suisse…


Y a t il des degrés de difficulté ou des ceintures de couleurs comme au judo ?

On aurait pu imaginer des codes couleurs pour évaluer le degré de difficulté : bleu, rouge… Mais non, la classification est un peu plus corsée que cela. Selon que vous soyez en France ou à l’étranger, il y a des lettres (de A à E ou de F à ED), des chiffres (de 1 à 6) ou des lettres et des chiffres (de K1 à K6).

  • F – Facile = A = K1
  • PD – Peu Difficile = B = K2
  • AD – Assez Difficile = C = K3
  • D – Difficile = D/E = K4
  • TD – Très difficile = E = K5
  • ED – Extrêmement Difficile = F = K6

La légende raconte même qu’il existe certains passages avec la cotation ABO, qui signifie abominable.

La difficulté proposée par cette échelle de niveau est une chose… Mais l’engagement est également à prendre en compte. Une via dure de trente minutes à cinquante mètres du parking ne sera pas aussi physique et éprouvante qu’une via qui aura demandé 1h20 d’approche et dont le parcours câblé fait plus de 1000m, même si son niveau de difficulté est à peine inférieur à celui du premier exemple.

Le site Viaferrata.com propose également, sur ses topos en ligne, une autre clé de lecture de difficulté en assimilant le gaz, l’éloignement, la verticalité…

Physique
1. Pour débutant & initiation
2. Demande une certaine pratique de la via
3. Demande de la force physique (au moins 1 passage en force)
4. Très physique, soutenu, demande une excellente condition
Gaz
1. Léger – peu
2. Moyennement aérien
3. Quelques passages aériens
4. Vertigineux
Technique
1. Sans aucune difficulté de manipulation
2. Avec pont, échelle, etc..
3. Manipulation de poulie externe (tyrolienne) ou excellentes connaissances
Type
Plaine – Montagne – Haute Montagne
1. Équipement abondant
2. Contacts avec le rocher
3. Peu équipé
Indice d’appréciation de difficulté du site Vaferrata.com

Le site web Alpiniste.fr propose un tableau très complet de valorisation de la difficulté avec des exemples :

SchallHüslerTerrainSécuritéExigencesÉquipement
A
facile
K1Plat ou modérément raide, principalement rocheux, possibilité de passages exposésCâble métallique, chaînes, échelons, quelques échelles courtes. Avancée possible en grande partie sans assurage.Sûreté de pas et absence de vertige recommandésMatériel de via ferrata recommandé. Possibilité de croiser des grimpeurs expérimentés sans matériel d’autoassurage.
B
moyennement difficile
K2Terrain rocheux plus raide, quelques petites prises, zones exposéesCâble métallique, chaînes, échelons, pitons, échelles plus longues parfois verticales. Difficultés sans éléments d’assurage jusqu’à III (UIAA).Sûreté de pas et absence de vertige, bonne condition physique, force et endurance dans les bras et les jambesMatériel de via ferrata recommandé.
C
difficile
K3Terrain rocheux raide à très raide, presque uniquement des petites prises, passages exposés longs et très fréquentsCâble métallique, échelons, pitons, échelles plus longues ou surplombantes. Broches et attaches peuvent être assez éloignées. Présence du câble métallique uniquement sur certains passages escarpés. Difficultés sans éléments d’assurage jusqu’à IV (UIAA).Sûreté de pas et absence de vertige, bonne condition physique, force et endurance dans les bras et les jambesMatériel de via ferrata vivement recommandé, les enfants débutants pourront être encordés
D
très difficile
K4Terrain souvent surplombant, très escarpé, principalement exposéCâble métallique, échelons et pitons sont toujours très espacés Souvent, seul le câble métallique est présent sur les passages exposés et escarpés.Suffisamment de force dans les bras et les mains compte tenue de la difficulté (II /UIAA), de passages escarpés et surplombant, et de la nécessité d’escalader certains passages.Matériel de via ferrata obligatoire, même les grimpeurs expérimentés sont encordés. Ne convient pas aux débutants et aux enfants !
E
extrêmement difficile
K5Terrain raide voire surplombant, généralement exposé, très petites prises ou escalade en adhérenceCâble métallique, échelons et pitons sont toujours très espacés Souvent, seul le câble métallique est présent sur les passages exposés et escarpés. Souvent combiné à des passages d’escalade.Beaucoup de force dans les mains (et les doigts), bras et jambes, très bonne condition physique, souplesse.Matériel de via ferrata obligatoire, encordement à envisager sur des passagers sans dispositifs de sécurité. Ne convient pas aux débutants et aux enfants !
F
> extrêmement difficile
K6Terrain essentiellement surplombant, exposé, très petites prises ou escalade en adhérenceCâble métallique, échelons et pitons sont toujours très espacés. Combiné à de l’escalade.Maîtrise des techniques d’escalade, beaucoup de force dans les mains (et les doigts), bras et jambes, très bonne condition physique, souplesse.Matériel de via ferrata obligatoire, assurage en top rope recommandé. Uniquement destiné aux grimpeurs qui n’ont aucune difficulté à évoluer en E.

Un tableau équivalent à celui-ci, mis en avant par le CAS (Club Alpin Suisse) sur son site, est aussi disponible. Nous vous le proposons en fin d’article en PDF téléchargeable.

Sur le tableau de Alpiniste.fr nous sommes juste un peu surpris de la mention « matériel de via recommandé » ou « vivement recommandé » de la colonne de droite. Le risque est trop grand. Sur une via ferrata, s’il y a un câble, il faut l’utiliser avec son kit, même si la zone vous parait sans danger. Il est de tradition de dire qu’en montagne, votre plus grand danger… c’est vous !

Alex Honnold, très grand grimpeur américain, habitué des voies d’escalade extrêmes et de la grimpe en free solo (sans aucun équipement) avait fait un bad buzz il y a quelques temps en posant sur une via de Chamonix sans kit, ni baudrier.

En proposant ce type de cliché, lui, comme d’autres, offre une sorte de banalisation des risques. En tant que moniteur Via Ferrata, il m’est difficile d’expliquer à de jeunes grimpeurs l’importance de s’équiper en via, de faire comprendre les risques et les dangers, avec ce genre d’image en filigrane (même si je respecte énormément Alex Honnold pour ce qu’il fait le reste du temps).


La via ferrata est sans danger !

Heu oui, mais non ! Nous allons plomber un peu l’ambiance, mais il est important de rappeler quelques points primordiaux. La via n’est pas un sport sans danger, c’est même complètement l’inverse. Ce n’est pas parce que vous avez un casque, un baudrier et une longe que vous êtes en sécurité pour autant. Certes, avec cet équipement, vous allez limiter les risques, mais vous ne les éliminerez pas complétement.

J’avais beaucoup aimé, il y a quelques temps, trouver sur le site internet d’un organisateur de sorties en montagne, un petit récap des risques en montagne. C’est une belle démarche de la part d’un organisme qui a pour but de vous inciter à les suivre hors des sentiers battus. Voici le récap de Annecy-Aventure.com :

Les principaux risques :

  • La chute : chuter en via ferrata est possible. Ce n’est pas grave si l’on est bien équipé. L’absorbeur de choc est alors essentiel ! Il permet de diminuer le choc pour le corps, limitant le danger.
  • Chute de pierres : Les animaux de l’environnement naturel ou les pratiquants eux-mêmes peuvent causer ces chutes de pierres. On comprend alors toute l’importance du casque !
  • La pluie : La Via Ferrata, comme toute activité d’extérieur, dépend de la météo. La pluie n’est pas vraiment son amie… En effet, elle crée un risque de glissement plus important. L’activité est alors à éviter dans ce cas-là.
  • Les risques liés à l’altitude : Il faut prévoir un écart de température entre le lieu de départ et le parcours. De plus, si on prend beaucoup d’altitude, il y a également l’effet de la pression atmosphérique qui rend l’effort plus difficile.
  • Le pratiquant lui-même… : On vous a déjà dit que vous étiez un danger pour vous-même ? Eh bien en via ferrata, méfiez-vous de vous ! L’aspect facile, accessible et ludique de la via ferrata représente en fait en lui-même un danger car on a tendance à en oublier les risques associés à cette activité ; soyez donc responsable et conscient. Aussi, partez en forme ! La fatigue n’a pas sa place en via ferrata, favorisant l’inattention, elle crée des comportements dangereux.

Nous vous expliquions plus haut l’importance d’utiliser un kit de via pour amortir votre chute, ce n’est pas pour autant qu’elle sera sans gravité. Si vous tombez, votre corps va rencontrer tout une série d’obstacles qui peuvent vous blesser… Éperons rocheux, barreaux, échelles, arbres, ferratistes… Venir à la rencontre de ces éléments peut vous laisser quelques séquelles. Pour limiter la hauteur de la chute, les lignes de vie de via ferrata ont ce que l’on appelle des fractionnements. C’est l’endroit où le câble est attaché à la paroi.

En règle générale, plus le passage est exposé (difficile), plus les points de fractionnement sont rapprochés. Dans les parties horizontales, il est bon de ne pas être plus d’une personne par fractionnement. Sur les passages verticaux, laissez toujours 3 points de fractionnement entre vous et la personne devant vous.

  • Si vous faites une chute sur un passage où la ligne de vie est horizontale, vous allez passer sous le câble et ne pas rencontrer d’élément métallique. C’est presque la meilleure des chutes (enfin si l’on peut parler ainsi).
  • Si vous faites une chute sur une partie verticale, vous allez glisser le long des éléments déjà franchis jusqu’à l’arrêt de vos mousquetons sur le dernier fractionnement. Avec la hauteur de chute, l’ouverture de votre kit de via… vous pouvez riper sur plusieurs mètres. D’où l’importance de laisser un peu d’espace entre vous. Dans ce cas de figure, la chute peut avoir de véritables conséquences dramatiques pour vous.

Pour comprendre cela, il faut (hélas) faire un peu de mathématiques et de sciences. Lorsque vous allez chuter, votre corps va accumuler une certaine énergie qui va en partie être absorbée par le kit de via. Cette énergie découle de ce que l’on appelle le facteur de chute. C’est le rapport entre la hauteur de chute et la longueur de corde disponible.

En escalade, le facteur maximal à ne jamais atteindre est 2. A ce niveau, il peut y avoir de la casse sur votre équipement ET sur votre corps. Oui : les équipements de via et d’escalade ont une conception qui permet la résistance, mais jusqu’à une certaine limite. Les forces engendrées par une chute avec un facteur supérieur à 2 dépassent ces limites.

En via ferrata, ce facteur peut aller jusqu’à 5. Imaginez la tête de votre baudrier après cela.

Pour limiter les risques en cas de chute, l’encordement systématique peut être une bonne solution. De nombreux guides de montagne encordent systématiquement les personnes qu’ils encadrent en via.

Si nous vous racontons cela, ce n’est pas pour vous dissuader de pratiquer la via, mais juste pour vous sensibiliser aux risques réels que vous pouvez rencontrer.


Est-ce que les vias sont payantes ?

Cela dépend. S’il s’agit d’un exploitant privé, d’une com-com, d’une ville… il arrive qu’un droit d’accès soit demandé pour pouvoir emprunter l’itinéraire. C’est en général le cas quand il y a une cabane de location de matériel immédiatement vers le départ. Il arrive aussi que des urnes ou des boites aux lettres soient placées sur le parcours pour laisser un don. Cet argent sert à entretenir la via, à ajouter des éléments. Il est important de ne pas être un simple consommateur de loisirs et de se plier par moment à une compensation, même financière.

Dans certains cas, la boite aux lettres fait aussi office de carnet de sommet. Un livre, un cahier ou une feuille où l’on peu déposer ses coordonnées et qui atteste par la suite de la victoire sur le sommet. Parfois, des petits mots gentils y sont aussi écrits.


Est ce que les vias sont contrôlées ?

C’est sûr qu’avant de se lancer en autonomie sur une tyrolienne ou un pont de singe, il est sain de se demander si cela tient. Rassurez-vous, une via est obligatoirement « visitée » par un organisme une fois par an. En général, c’est au début de la saison, pour voir si la fonte des neiges, les éboulements hivernaux ou le gel n’ont pas fait trop de dégâts. Les câbles, les ancrages et les agrès en bois sont vérifiés à ce moment-là. Le rocher et l’environnement immédiat sont également inspectés. En cas de trouble à l’intégrité de l’équipement, des actions de réparation ou de remplacement sont lancées. C’est pour cela que, parfois, les vias sont fermées temporairement. Des purges ou des opérations de confortement de la paroi peuvent aussi être menées. Il ne faut pas non plus confondre les fermetures pour entretien et les fermetures pour préservation du biotop (animaux qui nichent…).

En cours de saison, les professionnels qui utilisent les équipements avec des clients (guides, entreprises de loisirs…) jettent aussi régulièrement un œil pour vérifier la bonne tenue de la via. Vous pouvez vous aussi signaler une potentielle casse ou un défaut. En général, le numéro de l’exploitant est indiqué sur le panneau d’information.


Quelle est l’âge minimum pour faire une via ?

Il n’y a pas véritablement d’âge. C’est plus une question de poids et de taille. Du moment que votre enfant est à l’aise sur le rocher et dans ses mouvements ça peut marcher… à condition de remplir quelques conditions. Souvent un âge minimum est proposé sur les panneaux des vias : entre 8 et 10 ans.

Il est souvent stipulé une taille minimum sur les vias. C’est aussi indiqué sur le panneau de présentation. Cette taille minimum est calculée en fonction de l’espacement entre les équipements de pieds et les équipements de mains. En règle générale, la taille conseillée est entre 1,30 m et 1,40 m en taille minimum. La via ferrata de Vouglans, dans le Jura, a une taille minimum donnée à 1,25m, une bonne chose pour les petits, un inconfort certain pour Sophie et moi qui sommes grands.

Autre point important évoqué plus haut : le poids. Un kit de via ne se déclenchera pas sous les 40 kg. Si votre enfant est dans ce cas, il faut l’encorder.

Avant de partir avec une personne encordée en via, assurez vous que le parcours soit bien équipé pour cela. La présence de « queues de cochon » sur les points clés, en cours d’ascension, est un véritable plus. Sinon, emportez avec vous un lot de dégaines d’escalade ou de sangles pour évoluer en sécurité.


C’est quoi une « queue de cochon » ?

Une « queue de cochon » est un équipement que l’on retrouve entre autre sur les via ferrata et les via corda qui vous sera fortement utile pour contre-assurer votre second en cas de progression encordée.

Méthode : En passant, le leader engage la corde dans la queue de cochon, sans avoir à défaire un nœud ou faire une autre manipulation. De part sa forme d’anneau, la corde va y coulisser en étant « protégée » le temps que le second arrive sur cette même queue de cochon. En faisant un quart de tour avec la corde, le second la décroche et poursuit sa progression jusqu’à la prochaine queue de cochon. Il est bon de laisser au moins deux encrages/queues de cochon entre le leader et le second, que cela soit en via ferrata ou en via corda.

Si aujourd’hui les queues de cochon ne ressemblent plus vraiment a un appendice vrillé, a l’époque… la ressemblance était (presque) parfaite.

Exemple de vieille queue de cochon issue de forumescalade.forumactif.com

L’idée de cette article n’était pas de faire une démonstration sur les méthodes de progressions encordées. Mais puisque nous soulevons le sujet, voici deux représentations de progression encordée en via ferrata issues du site petzl.com.

Le leader se trouvant toujours à l’amont du second. Il est en tête dans les ascensions, en retrait dans les descentes… pour les horizontales il est devant. Son rôle en alpinisme est de maintenir le second en position debout en gardant la corde tendue de façon à pouvoir contrer immédiatement un faux pas.

C’est quoi la différence entre via ferrata, via corda et via cordata?

En fait, presque tout est dans le nom. Une via ferrata est un chemin câblé. Le câble servant de ligne de vie du début à la fin de la difficulté. Une via corda est un chemin souvent horizontal, mais qui peut aussi être un peu plus vertical. Elle peut être équipée d’échelles, de barreaux. Elle suit généralement les cassures de la roche, mais n’a pas de câble. Vous progressez encordé, dans la méthode que l’on appelle « corde tendue ». Des protections (dégaines ou sangles) sont posées par le leader au fur et à mesure de l’avancée, que le dernier de cordée récupère. C’est un compromis entre rando alpine, alpinisme et via ferrata.

En surfant sur le net, il y a souvent des confusions entre via corda et via cordata. Certains organisateurs de sorties précisent dans le descriptif de la discipline des phrases du type « via corda également appelée via cordata… » ou « Pour pratiquer la via corda/via cordata il faut… ». Il est donc de bon ton de rappeler que via corda demande une progression encordé et que via cordata est un parcours type ferrata/accrobranche avec les cordes à demeure (comme la via ferrata).

Des itinéraires comme L’aiguille rouge dans la vallée de la Claré, la Vire des immortels dans les calanques, la seconde partie de la via des Evettes à Chamonix ou le Rocher des Montets à Chamonix, La via de la Vierge du Vercors sont des via corda.



Infos utiles

Lien vers la page Youtube d’Arno’Voyage.

Lien vers la page Youtube de Via Ferrata Helvetica, un couple suisse de passionnés, qui propose de belles vidéos de vias, que nous aimons bien regarder le soir au coin du feu.

Lien vers la page Viaferrata-FR.net.

Lien vers la page Viaferrata.org

Lien vers le site internet Alpiniste.fr.

Lien vers le site internet Annecy-Aventure.com.

Lien vers le site marchand en ligne Sports Loisirs Equipements, une petite boutique de passionnés de montagne à côté de chez nous (Belfort-90).

Lien vers la page de Guide-Tourisme.com qui propose une sélection de belles vias en France.

Lien vers la page Redbull.com qui propose également une sélection de vias.

Lien vers la documentation en ligne chez Petzl pour la pratique de la Via Ferrata.

Pour les amoureux d’histoire, voici les liens vers les sites d’histoire militaire dont sont issues les photos noir et blanc du début d’article :


Pour aller encore un peu plus loin, un document téléchargeable sur la pratique de la via signé Petzl:


Un document téléchargeable sur les recommandations de la pratique de la via ferrata de la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade) :


Le tableau d’évaluation des difficultés proposé par le CAS :


Écrit par Lilian le 14/09/2022


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